La priorité donnée par l’algo (et par tout le monde en fait) au profil personnel ne laisse pas d’autre choix que de développer une expression “en son nom propre”, pas entièrement sincère mais pas trop éloignée du vrai. C’est difficile à naviguer et cela demande de l’habitude, et cela pose des problèmes assez insolubles pour les marques qui se voient “donwgradées” d’entrée.

Le royaume du faux-self

Sur LK on n’est pas censé être anonyme, on ne se cache même plus derrière la traditionnelle mention “mes tweets n’engagent que moi” (qui n’a aucun sens juridique mais protégeait symboliquement le locuteur) et et on porte donc en étendart sa profession et son employeur, qu’on représente implicitement.

Bref on est “soi” mais un soi surveillé, policé, voire “faux-self” comme disent les psy, un peu comme à un entretien d’embauche – et comme pour les entretiens d’embauches, les meilleurs candidats sont les plus authentiques, les plus précis ou concrets, et les plus enthousiastes.

Les pages de marques à la traine ?

Corolaire, les pages de marques vivent mal sur LK, même les plus grosses et les plus suivies. Je vous invite d’ailleurs à fouiller sur votre page de profil pour revoir toutes les pages que vous suivez, et qui ne remontent pourtant jamais dans votre flux… Seules les marques à fort taux d’engagement s’en sortent un peu, souvent à coup de codes très “personnels” justement.

L’employee advocacy, la solution miracle ?

Cela pose évidement le sujet de l’employee advocacy (comme sur TikTok dans une autre mesure) ; parce que seule la voix authentique du salariés (ou du CEO) “marche”, les employeurs ont très vite cherché (spoiler : je fais ça aussi) à propulser leurs collaborateurs sur LinkedIn, en leur demandant souvent de reprendre les posts un peu boring de la page marque à leur sauce. Résultat, cette ambivalence entre pro individuel / pro salarié et les injonctions contradictoires des RH (”sois libre mais dis bien qu’on est trop super”) ont refroidi beaucoup d’ardeurs.