Impression de déjà vu, de lire toujours les mêmes choses ? Pas étonnant. Pour moi, en simplifiant au max, il y a 4 persona ou profils type qui contiennent à peu près l’essentiel des styles d’écriture et d’engagement sur ce réseau.

Caricatural ? Assurément. Mais ça permet de savoir plus vite qui inspire et qui fatigue, et de trouver la bonne posture quand on est freelance.

C’est un modèle qui gagnerait à se combiner, peut-être 4×4 (le solopreneur tendance militant, par ex, ou le CEO tendance expert), j’y penserai à l’occasion. Et je ne mets pas d’exemple, ce sont des archétypes, mais normalement vous allez reconnaitre des gens.

PS : j’écris au masculin parce que l’écriture inclusive serait trop lourde (le/la solopreneur.euse), c’est un masculin collectif patriarcal habituel parce que ces conseils sont valable pour toutes et tous, mais dans beaucoup de cas ce sont quand même des mecs qui trustent les meilleures places…

Le solopreneur fou

enfin un peu de sourire merci chatgpt notez le bras à gauche pour faire selfie

Son portait

On en voit partout sur LinkedIn, au point que ça détermine presque le style de base du réseau (et “ça devient Facebook ici”) : elle ou il est parfois dans la provoc, souvent coach sur une micro-niche, et toujours dans le personnel et l’anecdote.

En général son profil pue la sur-optimisation (y compris la petite phrase de fin de post “si on se connait pas…”, mais reconnaissons que quand c’est bien fait ET que ça fait écho à un truc qui nous intéresse (en tant que free : les ventes, les clients relous, la compta, le commercial, etc. etc.) on a tendance à lire jusqu’au bout. Peut-être qu’on à trop honte de liker, mais ça fait du dwell time et ça tourne.

Son objectif

Te faire cliquer sur son CTA, parce qu’il vend souvent en B2C, à d’autre frees comme nous, que ce soit du conseil / coaching ou de plus en plus bien sûr le fameux contenu en mode “revenu passif”, 5 h de cours vidéo ou de bootcamp pour tout comprendre à LinkedIn ou à la vente de contenus en ligne (la boucle est bouclée).

Ses accroches

  • “J’avais 9,87 euros sur mon compte en banque et ma femme m’avait quitté la veille / venait d’accoucher de triplés”
  • “Tout le monde se plante : la valeur n’est pas dans le client, mais dans le produit (ou l’inverse)”
  • “5 trucs qui ont changé ma life et vont vous faire du bien”

Ses visuels

  • 80 % de selfie
  • 20% de carrousels colorés et surchargés d’info, de préférence avec des témoignages clients 5 étoiles sur 5 et des courbes qui tapent le ciel

Pourquoi s’en inspirer ?

Ça fonctionne, ça accroche, c’est décomplexé. Le message passe 5 sur 5 et on finit parfois par acheter la formation en ligne au tarif early bird.

Pourquoi s’en méfier ?

L’angle B2C bourrin éloigne souvent des cibles numéro 1 des frees, les prospects et clients B2B qui lisent mais n’aiment pas tellement qu’on leur explique la vie en mode super pushy.

L’expert éclairé

un portrait d'expert bien caricatural généré par chatGPT

Son portrait

C’est un boss du sujet et il veut qu’on le sache, et il est dans une relation de coopétition (oui) avec ses pairs spécialistes du même sujet – cryptos ou fintech, changement climatique ou énergie, stratégie business ou économie politique, faites votre choix. Il rêve de chopper le badge TopVoice mais les règles opaques de LinkedIn lui échappent comme à nous d’ailleurs, mais il a retenu qu’il fallait publier tous les jours, ce qu’il ne rate presque jamais.

Il profite aussi d’un modèle où les journalistes ne connaissent plus trop les sujets, et où l’accès direct à l’expertise se passe des gatekeepers – à conditions que cela soit facile à lire hein.

Son objectif

Etre le boss donc, et derrière récolter ce qui lui appartient : du business (ou des points de vie pour la carrière), des invitations presses, et au delà réussir le lent travail de conviction quand ses idées circulent et sont reprises sur le réseau.

Ses accroches

  • “Les flux physiques sont ils dépendants des matières premières ?”
  • “L’an dernier le PIB a progressé de 0,1% – pourtant tout le monde semble s’en satisfaire”
  • “la Chine fait du photovoltaïque à 12 euros le MwH, et il faudrait encore investir dans le nucléaire ?”

Ses visuels

  • Souvent celui de l’article des Echos qu’il partage (ou dont il pompe la photo ou le graphe, avec lien en commentaire
  • Un graphe ou une courbe éloquente
  • Parfois sa tête à la télé

Pourquoi s’en inspirer ?

C’est le modèle parfait du thought leadership : on partage, on éduque, on hausse le niveau du débat.

Pourquoi s’en méfier ?

Tous les champs de compétence ne se prêtent pas à une telle exégèse. Si vous faites de la rédac ou de la DA, bonne chance pour devenir l’expert du secteur (même si vous ferez toujours mieux que la presse pro, pas difficile).

Le militant VNR

une militante qui fait la gueule parce que j'ai pas choisi le bon prompt

Son portrait

Modèle qu’on rencontre beaucoup sur LinkedIn, le militant vénère finit par nous énerver à force de remuer tout ce qui ne va pas dans le monde pour obtenir un micro-engagement de notre part, le plus souvent en mode prise de conscience.

C’est d’autant plus difficile de ne pas lire qu’elle ou il a souvent raison sur le fond : oui la planète crame, oui tout le monde regarde ailleurs, oui le business détruit la vie.

Comme c’est souvent très bien écrit, on lit, on souffre, on like et partage, et puis… bon. Certains plus malins savent terminer par une note d’espoir et des pistes concrètes pour ne pas nous laisser seul dans la déprime ou l’indignation, mais on tombe vite dans le slacktivisme.

Son objectif

Défendre la cause, la rendre visible dans l’agenda, en faire une urgence, nous faire signer des pétitions ou donner, la ou le militant.e VNR utilise le réseau comme un prolongement des campagnes traditionnelles. Elle ou il répond aussi au dicktat de l’incarnation (qui voit encore les contenus des pages « marques » des ONG ?) tout en servant sa propre personne.

Ses accroches

  • “Chaque jour 300 000 tonnes de micro plastiques sont déversées dans la nature”
  • “J’ai rencontré X et je suis en colère”
  • “Combien de temps faudra-t-il pour que …”

Ses visuels

  • Du selfie avec une pancarte en manif
  • Des cartes colorées qui montrent l’ampleur des dégâts
  • Des campagnes façon ONG avec des animaux qui souffrent

Pourquoi s’en inspirer ?

La cause et la rage compréhensible rendent le style alerte et captivant, au risque parfois d’être un gros donneur de leçons. C’est souvent bien construit et dans le meilleur des cas – comme pour l’expert éclairé – on apprend des trucs.

Pourquoi s’en méfier ?

Le ton n’est pas dissociable de la cause, et ne s’imite pas comme ça. Et puis ça lasse.

Le corporate relou

un ceo corporate relou sur linkedin selon chatgpt

Son portrait

CEO ou VP d’une quelconque division d’une boite du CAC40, le corporate relou voudrait que tout le monde sache combien il mène bien sa barque et surtout sait caresser “les équipes” dans le sens du poil, tag après tag. Elle ou il se met donc en scène au service de la grande maison qui le paye grassement et le rend fier parce qu’un dircom lui a discrètement conseillé de se mettre en peu plus en avant à l’ère du personal branding.

Résultat la plupart abandonnent mais certains se prennent au jeu, contournant au passage les canaux traditionnels d’information de l’entreprise (dans le meilleur des cas), rajoutant juste des couches de bullshit tout creux en mode golden circle pour tracter de l’engagement 100% fayotage interne (le plus souvent), car un like ou un partage muet ne coûte rien.

Son objectif

“Fédérer” ou “aligner” l’interne, bien sûr, donner le coup de lèche au chef, au board ou aux clients, et quoi qu’il en soit servir sa carrière dans un monde d’altitude où les places rétrécissent comme l’oxygène. Exister aussi au-delà de l’open space du dernier étage de la tour.

Ses accroches

  • “Fier d’avoir inauguré l’usine de recyclage des caramels salés”
  • “What a year it has been”
  • “Hier j’étais à la conférence BS, et c’était passionnant. Je vous raconte”

Ses visuels

  • Elle ou lui avec une tenue cintrée et un micro Beyonce devant des slides illisibles
  • La cérémonie à la con avec la photo des gens souriants qui ont obtenu le prix machin

Pourquoi s’en inspirer ?

Quand vous êtes contraints de parler d’un truc sans intérêt fait avec un client ou un camarade. Une manière de faire le service minimum.

Pourquoi s’en méfier ?

Parce que ça n’intéresse personne, sauf les gens tagués qui likent ou partagent en espérant la reconnaissance du ventre en retour. Gardez ça pour le jour où vous retrouverez un CDI.

Et maintenant on fait quoi ?

T’es gentil Bernard mais tu nous fais encore la leçon au lieu de proposer ton offre !
J’entends, vous êtes en manque de CTA.

Alors vous pouvez :