Peut-on contribuer sur LinkedIn sans se trahir et verser dans un étalage complaisant de soi ? Peut-on réussir sans suivre les dictats de l’algorithme et les recettes à la con ?

Ne pas se trahir (avant tout)

C’était un bout de discussion hier avec un camarade de la promo Noé. Je le comprends, parce que moi aussi les posts à formule et autres « templates » me fatiguent – même si j’ai su en prendre ma part parfois.

Clairement, on n’a pas envie de tomber aussi bas. Et ce n’est pas nécessaire

Savoir sortir de l’ombre

Et au fond le vrai blocage est plus profond : oser se mettre en avant aux yeux de tous. Moi qui ai commencé à écrire dans un blog et sous pseudo, je sais que l’anonymat protège, et permet de dire des choses sincères qu’on aurait jamais pu signer.

Mais dans une culture ambivalente qui valorise à la fois l’arrogance des influenceurs et la « common decency » (comme disait Orwell) de ceux qui savent rester discrets, il y a toujours un déchirement dans le passage de l’ombre à la lumière, quand on se met tout à coup à parler aux yeux de tous – et d’abord de ses proches, de ses collègues, de gens qu’on va recroiser ensuite et qui nous aurons lu. Et de dire : c’est moi, ici, qui vous parle.

A chacun sa manière

Et pourtant. Je pense qu’il est possible de faire des choses bien ici et de se tenir à distance des recettes de solopreneur à la con. De se faire sa place progressivement. Moins vite, moins bien, avec moins d’abonnés (mais que valent-ils, sont-ils tous si précieux ?) mais aussi de manière plus juste, parce que ce qui vaut c’est bien la singularité d’un point de vue qui enrichit l’expérience commune. C’est aussi je crois ce qui explique le retour de la newsletter : une voix, des convictions, avant même les tentatives de vendre discrètement ses services.

De la place pour tout le monde

Et donc : il y a une place pour tout le monde, tant qu’on s’exprime depuis son vécu, son terrain, ce qui se joue vraiment dans nos métiers traversés par toutes les contradictions de l’époque. La sincérité aide et paye à terme, et le plaisir de trouver son public, même restreint, même « to the happy few », vaut le coup. Allez-y